Google: le débat est ouvert

Article rédigé pour La Libre Belgique.

Google est moins une menace qu’une incroyable opportunité qui permettrait aux journaux de reconquérir les jeunes.

Entre Google et les éditeurs de la presse francophone belge, la bataille est désormais engagée. Quelle que soit l’issue de cette tumultueuse affaire, les plaignants ont toutefois perdu la guerre depuis longtemps déjà. L’occasion manquée remonte au milieu des années 90 lorsque l’Internet a fait irruption dans notre vie quotidienne. Au lieu d’investir massivement dans ce medium qui bouleverse les règles du jeu, la presse quotidienne a longtemps tergiversé sans nourrir de véritable vision à long terme. Aujourd’hui, ses atermoiements lui coûtent cher et, sous couvert du droit d’auteur, elle tente vainement de rattraper son retard par la voie judiciaire.

On peut certes blâmer Google pour son arrogance et son mépris des lois qui ont d’ailleurs transformé cette entreprise en icône de la mondialisation uniformisante. Mais, en définitive, ce moteur de recherche est moins une menace qu’une incroyable opportunité qui permettrait aux journaux de reconquérir les jeunes. Ces derniers consomment désormais les médias de façon radicalement différente de leurs parents. Or, que fait la presse francophone belge? Elle parvient à s’aliéner Google au lieu de l’apprivoiser et de réinventer son métier en fonction.

Car, si on dépasse la querelle juridique, c’est ici que réside le réel enjeu: à l’heure des blogs, du podcasting et des wikis qui transforment virtuellement tout citoyen en producteur d’information, la presse devrait se recentrer sur son métier de base (la création de contenu) et atteindre les gens là où ils se trouvent désormais: sur le Net, sur l’iPod, sur le téléphone portable… C’est ce que nous faisons chez Emakina. En dix ans, notre attitude face aux médias a profondément changé. Il serait temps d’en prendre acte et d’adapter le modèle économique en fonction.

Dans l’immédiat, les journaux francophones n’enregistreront probablement qu’un impact marginal suite à leur éviction de la base de données de Google. A longue échéance, ils en payeront le prix fort et cesseront tout simplement d’exister dans l’esprit collectif.

Les éditeurs parties au procès feraient bien de regarder ce qu’a accompli De Persgroep au nord du pays. Depuis quelques mois, «Het Laatste Nieuws.be» est le 5 éme site le plus visité en Belgique et a même engendré 7sur7, un nouveau quotidien francophone disponible uniquement sur Internet. A quand une initiative aussi ambitieuse de l’autre côté de la frontière linguistique?

0 thoughts on “Google: le débat est ouvert”

  1. Qu’en est-il du projet de la bibliothèque nationale française, à laquelle se sont rattachée d’autres bibliothèques nationales, à vouloir à son/leur tour scanner et mettre en ligne des livres tout en respectant les droits d’auteurs si chers aux éditeurs?

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