dix ans en tech en dix inventions

Depuis le début du siècle, on assiste d’année en année à une multiplication exponentielle des avancées technologiques. À l’aube de 2020, arrêtons-nous un instant pour mesurer le chemin parcouru et faire le bilan de la décennie écoulée côté tech. Petite sélection de 10 inventions qui ont changé nos vies, aussi bien personnelles que professionnelles.

iPad

Lancé par Apple en avril 2010, et accueilli plutôt fraichement à l’époque, l’iPad s’est écoulé depuis à plus de 400 millions d’unités à travers le monde, révolutionnant au passage notre manière de consommer l’information (on en parlait d’ailleurs dans un épisode d’Emakina Inside). Déclinée par la concurrence, de Google à Samsung, la célèbre tablette est désormais devenue un élément central de notre quotidien, qu’il s’agisse du travail ou des loisirs. Sans conteste l’une des inventions majeures de ces dix dernières années.

Voitures autonomes

Initiées au début du siècle, les expérimentations autour des voitures autonomes ont connu un véritable boom durant la décennie passée. De Waymo (Google) à Tesla, les entreprises qui travaillent d’arrache-pied sur ces véhicules du futur sont désormais légion. Une tendance suivie par les constructeurs historiques, comme Fiat Chrysler, Audi, ou encore Mercedes, mais aussi par les services de transport, tels qu’Uber et Lyft, qui ont tous bien compris les enjeux essentiels liés à ces nouvelles voitures qui roulent toutes seules.

Ampoules à LED

Remplaçant au pied levé nos bonnes vieilles ampoules à incandescence, particulièrement gourmandes en électricité, les ampoules à LED proposent désormais une alternative beaucoup plus économique pour s’éclairer. Ces dix dernières années ont vu l’émergence sur le marché de modèles destinés au grand public, une évolution chapeautée par les ténors du marché, comme Philips ou GE. Utilisant à peine 20% de l’énergie de leurs prédécesseures, ces loupiotes modernes bénéficient également d’une durée de vie moyenne de 25.000 heures. Et ça, c’est bon pour la planète !

Les apps de coworking

S’il y a bien un domaine qui s’est vu transfigurer par les avancées technologiques de ces dix dernières années, c’est sans conteste celui du boulot. En rassemblant en une seule application des services de messagerie et de partage de fichiers, Slack a contribué à rendre meilleure notre vie professionnelle. Elle a également participé à l’explosion du télétravail, qui permet aujourd’hui à des milliers d’employés à travers le monde de bosser depuis leur domicile, sans perdre une miette de ce qui se passe au sein de leur entreprise, sans forcément avoir besoin de trainer à la machine à café.

Assistants virtuels domestiques

Emmenés par l’Echo d’Amazon, les assistants virtuels se sont frayé un chemin dans nos maisons et, malgré des considérations légitimes liées au respect de la vie privée, la tendance n’est pas prête de s’inverser. Des phrases comme “Hey Alexa” ou encore “Hey Google” font aujourd’hui partie de notre quotidien. Et pour beaucoup, il n’est désormais plus envisageable de vivre sans ces assistants virtuels capables aussi bien de nous renseigner sur la météo, de nous rappeler nos rendez-vous importants, ou tout simplement d’écouter de la musique sans avoir à interagir avec des interfaces physiques. Envie d’en savoir plus sur le sujet ? Pourquoi ne pas écouter l’épisode de notre podcast Emakina Inside qui lui était dédié ?

Smart Homes

Photo by Sebastian Scholz (Nuki) on Unsplash

Intimement liées à ces assistants digitaux dont on vient de parler, les “smart homes” ont également eu le vent en poupe ces dix dernières années. Principal acteur de cette révolution, le Nest de Google a permis d’agrémenter sa demeure de divers appareils connectés, du détecteur de fumée aux chatières automatiques, en passant par les “media centers” ou autres thermostats intelligents. Architecturées autour de la notion d’Internet of Things, les maisons intelligentes sont en train de devenir la norme. On y consacrait d’ailleurs un épisode complet de notre podcast Emakina Inside, que vous pouvez écouter ici.

La 4G

On l’oublie parfois un peu vite, mais avant 2010, pour surfer sur le Net depuis son téléphone mobile, il fallait s’armer de patience. Heureusement, la 4G est venu supplanter en début de décennie la vieillissante 3G, et nous a ouvert les portes d’un web rapide et instantané, et ce où que l’on soit. Permettant d’atteindre le Gigabit en vitesse de téléchargement, cette nouvelle technologie est en passe d’être remplacée par une nouvelle norme, encore plus rapide, la 5G. Mais ça, on en reparlera dans 10 ans…

Uber et cie

Lancée en 2010 à San Francisco, l’application Uber a depuis révolutionné notre manière de se déplacer, suscitant les vocations d’autres sociétés comme Lyft ou Via. Malgré de nombreuses polémiques, cette nouvelle mobilité a conquis le cœur de millions d’utilisateurs sur la planète, simplifiant nos déplacements pour des coûts souvent inférieurs aux taxis traditionnels. Qu’on adhère ou pas à la philosophie de la firme, il est indéniable qu’elle a grandement contribué à modifier l’industrie du transport en profondeur.

Crispr

Photo by National Cancer Institute on Unsplash

La génétique est de plus en plus au centre de nos vies, et si Crispr en est encore à ses balbutiements, la technologie est pour le moins prometteuse. En gros, elle permet désormais de découper notre ADN pour éliminer les parties indésirables (sources de maladies, par exemple) et les remplacer par des sections saines. Source évidente de potentiels abus, la technologie Crispr porte également en elle les promesses d’un monde meilleur, où l’on pourra vivre mieux et plus vieux.

Le Falcon 9 de SpaceX

Qu’on accroche ou pas à la personnalité parfois flamboyante d’Elon Musk, il est indéniable que le bonhomme est un visionnaire comme le monde en a peu connu. Avec SpaceX, Musk a jeté les bases du futur de l’exploration spatiale, notamment avec ses fusées semi-réutilisables  baptisées Falcon 9 qui ont considérablement réduit le coût des lanceurs spatiaux, les rendant dès lors accessibles au plus grand nombre. Une invention capitale qui permettra aux startups de demain d’aller se frotter à la NASA dans l’éternelle course aux étoiles.

On aurait pu également vous parler des sonnettes Ring, des “powerwalls” de Tesla, d’Instagram, du microblogging, des écouteurs sans fil ou encore des néo-banques, preuve s’il en fallait que ces dix dernières années ont été riches en avancées technologiques. Certes, toujours pas de voitures volantes ou de jetpacks personnalisés comme nous l’avait promis la littérature de science-fiction, mais qui sait ? Peut-être dans dix ans ? On peut toujours rêver…

Survivra-t-on au bug de l’an 2000 ?

20 ans plus tard, je ris encore des prédictions apocalyptiques des Nostradami Nul.Zéro qui nous promettaient à l’époque une fin du monde à base de 1 et de 0. Voici donc ce que j’aurais pu écrire un soir de décembre 1999, sans rien inventer, en me contentant d’une revue de presse animée par des publications respectable qui auraient trébuché dans le caniveau pour se noyer dans l’hystérie collective. Et aujourd’hui encore, en 2019, les diseuses de mésaventure courent toujours : les prédictions ont changé de nature mais pas de délire. 

« Il est de plus en plus probable qu’il n’y aura pas d’avions le 1er janvier 2000. »

Dominique Strauss-Kahn, ministre de l’Économie et des Finances, novembre 1998

« C’est comme la fin du siècle, on aura tout compris… » Ce qu’on a surtout compris, c’est que les progrès scientifiques et technologiques formidables dont bénéficie l’humanité depuis le début de l’ère moderne ne sont pas près de venir à bout des superstitions les plus fantaisistes : si la nature humaine est indéniablement dotée d’une salutaire curiosité scientifique, elle est également munie d’une créativité qui s’égare encore trop souvent dans un imaginaire absurde teinté de panique existentielle. Florilège de délires collectifs à relents bibliques sur fond de trompettes de l’apocalypse.

Chassez le naturel, il revient au galop : on aura beau envoyer des hommes sur la lune et cloner des chèvres, l’irrationnel, apparemment infatigable, se rappelle régulièrement à notre « bon » souvenir. En cette veille d’an nouveau, l’on ne peut pratiquement pas ouvrir les yeux ou les oreilles sans lire ou entendre des prédictions catastrophiques brandées Y2K qui feraient passer le prophète Philippulus, qui annonçait à Tintin la fin des temps dans L’Étoile mystérieuse, pour un gars raisonnable.

Et pourtant…

Alors que la planète dénombre déjà plus de 150 millions d’utilisateurs d’Internet, ses effets bénéfiques sur l’évolution de notre civilisation font passer les virus informatiques Melissa et Chernobyl pour de vulgaires rhumes, et les portails Altavista, Lycos et le petit dernier Google, qui vient de sortir de sa phase de beta test, permettent à tout un chacun de retrouver facilement n’importe contenu (scientifique inclus) disponible sur le web. Et grâce à l’application Wiki, qui permet de créer des projets collaboratifs ouverts à tout un chacun, l’on peut imaginer, pour la première fois de l’histoire de l’humanité, rassembler l’ensemble des connaissances et créations humaines dans une sorte de dictionnaire qui compterait 6 milliards de rédacteurs potentiels.

On pourrait donc légitimement s’attendre à plus de rationalité scientifique de la part de l’espèce humaine. Mais ces progrès accélèrent également la propagation de la bêtise et de la peur de l’effondrement civilisationnel imputé à ce bogue de l’an deux mille qui nous est servi à toutes les sauces : catastrophes nucléaires, avions tombant du ciel, centrales électriques en rade, système financier en lambeaux, émeutes urbaines, guérillas de quartier pour l’appropriation des dernières boîtes de conserve, la liste est aussi longue que débile. Si elle a coûté bonbon en mise à jour logicielles et matérielles dans d’innombrables organisations (100 milliards de dollars rien qu’aux États-Unis), la bombe Y2K annoncée ne sera certainement rien de plus qu’un pétard mouillé. 

À qui profite le délire collectif ?

Avec lassitude, l’on remarquera que les plus ardents oiseaux de mauvaise augure font souvent partie de milieux fondamentalistes ou survivalistes annonçant à intervalles réguliers le prochain « Doomsday », que ce soit par impatience de faire partie des élus lors de l’apocalypse ou tout simplement par appât du gain. Les vendeurs de matériel de camping, d’abris antinucléaires et d’indulgences (les organisations religieuses sont exemptes d’impôt et donc très rentables outre-Atlantique) connaîtront probablement un excellent bilan comptable. Les secteur de l’IT, des éditeurs de software et des fabricants de hardware ne sont pas en reste, l’obsession d’être préparé en vue de la catastrophe imaginaires ayant dopé les chiffres d’affaire du secteur.

Cherchons l’intelligence ailleurs puisque sur Terre elle se fait rare

Puisqu’on trouve assez peu d’amour de la sagesse dans tout ce ramdam, finissons cette année par un peu de philosophie, avec l’existentielle question « Sommes-nous seuls dans l’univers ? », qui trouvera peut-être enfin une réponse grâce au Net : SETI@home, en ligne depuis peu, met en commun la force de calcul des ordinateurs des particuliers qui le souhaitent pour mieux scruter les cieux à la recherche de signes… d’intelligence extraterrestres sous la forme d’ondes radio ! Ce qui est au final infiniment plus rationnel que de prédire que l’humanité devra repartir de zéro juste parce que les deux derniers chiffres du calendrier grégorien font de même.

LIbra : la future cryptomonnaie de Facebook est-elle une bonne nouvelle ?

Le 18 juin dernier, Facebook annonçait la création du Libra, nouvelle cryptomonnaie parrainée par le géant des réseaux sociaux. L’annonce s’accompagnait de moult promesses, et notamment l’accès au système financier pour tous, y compris les pays les moins développés. Utopie ou réalité ? En l’état, on ne peut s’empêcher de faire preuve de cynisme face aux engagements pieux de Mark Zuckerberg. Il faut dire que jusqu’ici, Facebook n’a pas réellement fait preuve de sincérité ou de transparence dans son mode de fonctionnement. Les risques de défaillances, techniques mais aussi politiques, sont nombreux et inquiètent particulièrement les experts financiers. Faisons le point.

Plus le temps passe, plus la promesse du web, ce rêve qu’on nous avait vendu lors de son émergence dans les années 90, semble bien loin de la réalité. On nous avait promis l’accès à l’information pour tous, des logiciels libres, des licences Creative Commons pour partager en toute quiétude nos créations… Et même si ces progrès sont aujourd’hui bien concrets, le web a globalement pris une tournure beaucoup moins philanthrope.

Transformé en galerie commerciale par la grande distribution (et principalement Amazon), devenu outil de propagande, de manipulation et de prolifération des « fake news » (par la magie des réseaux sociaux, Facebook en tête), le web a aujourd’hui pris de vilains atours de régime totalitaire. Nos moindres faits et gestes y sont désormais épiés, stockés, disséqués et analysés. Nos données personnelles y sont devenues une denrée de grande valeur, qu’on s’arrache à des tarifs plus élevés que l’or ou le pétrole, et dont l’étude permet de façonner plus aisément l’opinion (comme l’a démontré la récente affaire Cambridge Analytica).

Money money money !

C’est dans ce cadre loin d’être idéal que Facebook, source d’une bonne partie des maux du réseau global, a annoncé il y a quelques mois la création d’une nouvelle cryptomonnaie, prévue pour être lancée sur le marché début 2020. Si l’on s’en réfère au livre blanc présenté par la société, le Libra (qui doit son nom à une ancienne unité de masse chez les Romains) devrait être une monnaie numérique « open source », intégralement sécurisée par un fonds de capitaux réels (en vrai argent donc). Sa gestion sera assurée par la Libra Association, un consortium indépendant et à but non lucratif siégeant à Genève, composé de sociétés financières (Visa, Mastercard), commerciales (Uber, Spotify), d’organisations non gouvernementales et d’institutions académiques, qui auront a priori un droit de vote équivalent à celui de Facebook. L’initiative regroupe aujourd’hui 28 entités, mais devrait rapidement s’étendre à une centaine.

De prime abord, cette nouvelle monnaie embarque son lot d’avantages indéniables : simplification des transferts d’argent (qui pourront se faire via Messenger et WhatsApp, puis via une application dédiée), grande vélocité (Facebook annonce 1000 transactions à la seconde, contre 7 actuellement pour le Bitcoin), globalisation du système financier (protection contre l’inflation galopante)… Mais c’est surtout pour Facebook que les enjeux sont les plus importants : avec ses 2,4 milliards d’utilisateurs, la société pourrait rapidement voir sa monnaie adoptée, lui conférant ainsi un pouvoir sans précédent.

L’omniscience de Zucky

Parmi les inquiétudes soulevées par de nombreux « watchdogs » et experts financiers à travers le monde, il y a bien entendu les craintes d’un impact sur le marché financier mondial, mais aussi les risques liés au “mélange des genres”. L’agrégation de données personnelles et financières placerait Facebook dans une position de dominance jamais vue dans le domaine des données personnelles. Un avantage qui lui permettrait d’affiner encore mieux son profilage actuel, avec les risques de dérapages qu’on imagine. Sans compter que la société n’a pour le moment pas pris la peine de communiquer sur les possibilités d’interopérabilité du Libra avec d’autres portefeuilles de cryptomonnaie. Un point pourtant important pour s’assurer de l’existence d’une forme de concurrence face au “monstre” de Zuckerberg…

L’autre crainte concerne le besoin de transparence que la gestion d’une nouvelle monnaie implique. Facebook n’a jusqu’ici pas exactement brillé de ce côté-là et l’arrivée du Libra suscite, à juste titre, une certaine appréhension. Qui plus est, les autres entreprises impliquées dans l’initiative sont loin d’être toutes sans reproches quand il s’agit de respecter notre vie privée ou, plus simplement, de faire preuve de droiture morale. S’il y a bien un enseignement qu’on peut tirer de l’émergence du Bitcoin, c’est qu’il a renforcé une économie parallèle déjà présente avec l’argent liquide, et particulièrement la mafia des armes, de la drogue et de la prostitution. La promesse du Libra, c’est d’offrir une plus grande transparence sur toutes les transactions, obligeant les détenteurs de portefeuilles à s’identifier nommément. Le vrai danger dès lors tient surtout au contrôle qu’exerceront les États sur notre manière d’utiliser cette nouvelle monnaie, et sur les limitations qu’ils vont sans conteste chercher à lui imposer, comme c’est déjà le cas pour les espèces.

De l’eau dans le gaz

Il faut admettre qu’une monnaie virtuelle contrôlée par des corporations amorales a de quoi susciter l’inquiétude. Un constat qui a déjà amené plusieurs réactions adverses, présageant d’un début difficile pour la nouvelle cryptomonnaie. D’un côté, l’Union européenne a engagé plusieurs enquêtes à l’encontre du Libra, notamment sur des soupçons d’anticompétitivité. Mais aussi pour déterminer si l’initiative présentait un risque réel pour la stabilité financière de la planète.

De l’autre côté, plusieurs membres fondateurs de l’association seraient déjà sur le point de quitter le navire, en réaction justement à cette levée de boucliers à laquelle ils ne souhaitent pas être associés. En interne, on murmure d’ailleurs que Facebook serait a priori très agacé du manque de soutien public général de la part des investisseurs de la première heure. Le Libra serait-il déjà en péril ? Une chose est sure : le pari n’est clairement pas encore gagné pour Facebook.