Le crowdsourcing au service de l’entreprise

Si vous suivez l’actualité des nouvelles technologies, nul doute que vous avez déjà entendu parler de crowdsourcing. Forgé par deux journalistes du magazine Wired, ce concept désigne un nouvelle démarche par laquelle une entreprise “externalise“, à moindre coût, certaines tâches auprès des internautes afin de trouver la solution à un problème. Illustration typique : dans les médias, il est désormais chose courante d’utiliser l’Internet pour trouver des témoins, récolter du matériel photo ou vidéo etc. Dans un registre plus marketing, certaines marques ont déjà demandé la contribution d’internautes pour créer un nouveau produit, inventer une campagne publicitaire selon un briefing déterminé etc. Autre cas significatif, les prediction markets, qu’on peut décrire comme des “bourses de paris” qui entendent prédire, par exemple, le succès d’un produit grâce à la participation à grande échelle de plusieurs milliers de joueurs.

A l’usage, le crowdsourcing ne délivre cependant pas toutes ses promesses. La barrière est celle du professionnalisme : bien qu’elle permette d’accomplir certaines actions basiques (rédiger un article sur Wikipedia, agréger des photos sur Flickr…), cette technique peine à fonctionner lorsqu’on l’applique à des projets plus complexes qui nécessitent un minimum de rigueur et de contact humain.

Si le crowdsourcing accuse vite ses limites quand il s’agit du grand public, je pense toutefois que cette technique peut rendre un précieux service si on l’exploite au sein même d’une entreprise pour gérer l’innovation et stimuler la créativité des collaborateurs. A la différence de la masse des internautes, ces derniers ont effet l’avantage de connaître l’entreprise de l’intérieur, d’être familiarisés avec ses valeurs et de vivre ses problèmes au quotidien.

Ces dernières années, de nombreuses sociétés ont intégré des outils estampillés “Web 2.0” pour favoriser une communication plus horizontales entre leurs départements et leurs employés : blogs, wikis, réseaux sociaux etc. Objectif : faire remonter plus vite les meilleures idées en court-circuitant la voie hiérarchique traditionnelle. Malheureusement, ce déploiement ne s’est pas accompagné de processus internes qui permettent de trier ce contenu “user-generated” et de le transformer en données opérationnelles pour l’entreprise. Autrement dit : comment atteindre un équilibre satisfaisant entre la libre expression de chacun et la discipline nécessaire à la création de valeur ajoutée ?

Cette équation, une nouvelle génération d’acteurs entend la résoudre en proposant des plates-formes plus élaborées qui visent à filtrer plus efficacement l’information grâce à un système de flux, de hiérarchisation, de récompenses pour les meilleures contributions etc. Les protagonistes se nomment IdeaNet, Brightidea, Imaginatik, Spigit… Un premier workshop sur cette thématique se tiendra d’ailleurs à Vienne en juillet prochain. Ses deux instigateurs travaillent respectivement pour HP et IBM. Des cartes de visite qui parlent d’elles-mêmes quant à l’intérêt que suscite déjà cette tendance….

La période de crise que nous traversons actuellement est propice à ce type d’expérimentations. Plus que jamais, les entreprises ont besoin de défendre leurs avantages compétitifs par l’innovation et l’inventivité. Bien encadrés, les apports conceptuels du Web 2.0 peuvent les aider à trouver, en leurs murs, les idées qui feront la différence. Bienvenue dans l’enterprise crowdsourcing.

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